50 000 dollars 1 À l’heure où nous ré­digeons ces lignes, c’est le prix d’un bitcoin. Pour la plus connue des cryptomonnaies, née en 2009, il s’agit d’un événement historique. La mon­naie virtuelle ne cesse de battre des records, grâce notamment à l’intérêt de grandes banques ou de grandes entreprises telles que Tesla.

Le mois dernier, Elon Musk, le nou­vel homme le plus riche du monde, gérant du constructeur automobile Tesla et de SpaceX, n’a pas hésité à investir 1,5 milliard de dollars de sa trésorerie en bitcoin. Le même Musk n’en finit pas de vanter les mérites des cryptomonnaies sur ses réseaux sociaux et affole les compteurs dès qu’il rédige un mot.

Moyens de paiement pour trafiquants d’un côté, véritables révolutions tech­nologiques pour le système financier de l’autre, le bitcoin et les autres cryptomonnaies suscitent bien des discussions au point qu’il devient dif­ficile de se faire un avis tranché sur son avenir.

Une logique spéculative pour de jeunes hommes adeptes des jeux

Très récemment, une enquête réalisée par l’IFOP auprès de 3 000 personnes pour The Cointribune, média spécia­lisé dans les cryptomonnaies, montre que cette passion pour le bitcoin relève avant tout d’une logique spé­culative. Elle mesure non seulement les représentations associées à ces monnaies virtuelles mais dresse aussi, pour la première fois, le portrait-robot du détenteur de cryptomonnaies : le plus souvent un homme, jeune, aux revenus modestes et amateur de jeux d’argent et de hasard. Marqueur de différence générationnelle, 84 % des seniors (+ 65 ans) considèrent les cryptomonnaies comme un phéno­mène de mode.

Une monnaie encore victime d’idées reçues

L’étude montre que 33 % des Fran­çais partagent l’idée selon laquelle le bitcoin garantit l’anonymat complet de ses utilisateurs. Pourtant, cette affirmation est devenue totalement fausse. À l’inverse, la majorité des Français (42 %) ont bien compris que le réseau bitcoin ne dépendait d’au­cune institution publique

Un investissement attractif déroutant

Côté placements, 17 % des Français ont déjà mis leurs économies dans les cryptomonnaies et enfin 15 % dans les devises. Mais ce sont principale­ment les jeunes de moins de 25 ans (32 %) qui sont les plus nombreux à avoir réalisé un placement dans des cryptomonnaies. On retrouve tout de même certains freins à l’investisse­ment en cryptomonnaies tels que la nécessité de s’informer davantage sur le sujet (80 %), des incertitudes sur les taxes (74 %), le manque d’argent à investir (70 %), ou encore l’augmentation trop importante du prix par rapport au moment où l’in­vestissement est envisagé (67 %). À l’inverse, ce qui a principalement motivé les personnes ayant inves­ti dans les cryptomonnaies, c’est la volonté de gagner de l’argent à court ou long terme (91 %). La majorité des connaisseurs de bitcoin estiment que le cours du bitcoin pourrait atteindre 135 932 $ dans les années à venir.

Une monnaie qui pourrait tout de même trouver un public

Pour le moment la « Bitcoinmania » ne s’est pas encore vraiment empa­rée de Monsieur ou Madame-tout-le-monde : le profil sociologique des dé­tenteurs de cryptomonnaies (homme, jeune, petit épargnant, amateur de jeux d’argent…) rappelle plus celui du joueur de poker en ligne que ce­lui du bon père de famille. Il attache l’engouement pour les monnaies électroniques à l’univers des paris en ligne plus qu’à celui des placements boursiers. L’effet yoyo du cours du bitcoin évoque aussi la bulle Internet du début des années 2000. En revanche, si le bitcoin devenait l’équivalent d’un placement dans une valeur comme l’or, par exemple, 20 % des Français affirment qu’ils pourraient un jour envisager de ré­gler leurs achats sur Internet en bitcoins. C’est d’ailleurs le cas de 78 % des personnes ayant déjà inves­ti dans les cryptomonnaies. Sur ce sujet, 24 % des individus interrogés imaginent que le bitcoin pourrait de­venir l’une des monnaies les plus uti­lisées à l’avenir, au même titre que le dollar ou l’euro.

Quelques rappels sur le Bitcoin

Le bitcoin correspond à l’abrévia­tion BTC ou XBT. Il s’agit de ce que l’on appelle une cryptomonnaie. « Crypto », car elle est chiffrée, autrement dit codée, pour être sécurisée. Le codage en question répond au plus haut standard de chiffrement : le SHA-256. De fait, avec ce système, la monnaie est infalsifiable, contrairement à toutes les autres. Il n’existe donc pas de faussaire de bitcoins.

À qui appartient le bitcoin et qui le gère ?

Cette monnaie numérique n’appar­tient à personne. Elle a été créée en 2009 par un individu dont on ne sait presque rien, sinon son nom : Satoshi Nakamoto… Et encore… il pourrait bien s’agir d’un pseudonyme ! Elle échappe également à tout contrôle étatique ou de personnes. Mais attention, il ne s’agit pas pour autant d’une jungle. Car au-delà de la monnaie, il y a aussi le système d’échange bitcoin via Internet. Sa conception est publique, per­sonne ne peut posséder ni contrô­ler ce système, et tout le monde peut le rejoindre. Pour sécuriser la monnaie, en plus du chiffre­ment, un procédé astucieux fait transiter les échanges financiers via l’ensemble des ordinateurs des utilisateurs organisés en noeuds sur le réseau. C’est ce que l’on appelle le Blockchain. Si, par exemple, il manque un élément du noeud, la transaction ne peut pas être éta­blie. De plus, chaque échange est archivé numériquement et automa­tiquement dans l’équivalent d’un vaste livre de comptes. On peut donc consulter l’historique des échanges depuis la création du premier bitcoin en 2009. Pour se faire peur, il faut rappeler que lors de son lancement en 2009, 1 bitcoin, valait simplement 1 dollar… Imaginez la fortune qu’ont pu collecter les premiers utilisateurs !

Un travail de mineur

Contrairement aux monnaies physiques, les monnaies virtuelles sont disponibles en quantité limitée. Pour le bitcoin, le plafond est fixé à 21 millions d’unités. Des unités de monnaie seront émises au compte-goutte pour atteindre à terme ce plafond. La rareté est donc une explication de l’augmen­tation de leur valeur. Mais ce n’est pas la seule. Toutes les monnaies virtuelles sont calquées sur un principe : celui des chercheurs d’or. Au départ, il y a beaucoup d’or et peu d’orpailleurs. En trouver nécessite peu de moyen et est assez facile. Autrement dit, la monnaie virtuelle est abondante. Ensuite, les chercheurs vont se multiplier et l’or devient plus diffi­cile à dénicher. À l’étape suivante, il faut investir de plus en plus en moyens humains et matériels pour récolter de l’or. Enfin, ses sources vont se tarir et les moyens d’en trouver coûter de plus en plus cher.