L’intelligence artificielle fait régulièrement de grands bons en avant, notamment ces dernières années depuis que les chercheurs utilisent une technique baptisée  apprentissage profond. Rassurez-vous, l’intelligence ici ne fait pas référence à une quelconque forme de vie artificielle. Nous ne risquons pas les scénarios catastrophes de  la science-fiction, comme dans le fi lm Terminator, par exemple. Ce sont simplement des algorithmes qui savent analyser un grand nombre de données, et les utiliser pour produire de nouveaux résultats. Toutefois, avec l’apprentissage profond, nous sommes arrivés à un point ou même les spécialistes ne savent pas comment fonctionnent ces  algorithmes. Ils utilisent des réseaux neuronaux artificiels, des systèmes de calcul inspirés des neurones du cerveau. Les scientifiques demandent à l’IA d’effectuer une  tâche sans lui dire comment, parfois avec un grand nombre d’exemples, parfois sans. Une seconde IA va vérifier les résultats et lui indiquer s’il a réussi ou non. Cet  entraînement peut fonctionner ainsi en boucle en répétant l’opération des millions de fois sans intervention humaine, jusqu’à produire des algorithmes capables de battre  les humains aux échecs ou créer une fausse vidéo d’une personne, par exemple. Les résultats sont souvent très surprenants. Si vous avez utilisé des services de traduction automatique, comme Google Translate, il y a une dizaine d’années, il fallait parfois beaucoup d’imagination pour deviner le sens de certaines phrases. De nos jours, ces  traductions sont de bonne qualité et il n’est pas toujours évident de voir qu’elles n’ont pas été effectuées par un humain. Tout du moins pour certaines langues, car la  traduction du chinois en français est assez médiocre. Mais les progrès fulgurants pour l’anglais et le français, par exemple, sont dus à l’intelligence artificielle. Des chercheurs se sont aussi attaqués aux langages des animaux. Des chercheurs en Allemagne ont récemment utilisé une IA pour analyser les danses des abeilles. Ils ont ensuite utilisé un robot pour les reproduire et communiquer avec les abeilles. D’autres tentent de traduire les communications des cachalots, ce qui pourrait permettre des discussions sommaires, mais les chercheurs estiment qu’il faudra encore cinq ans pour y parvenir. Toutefois, une autre équipe de chercheurs a eu beaucoup plus de succès avec les humains. L’entreprise OpenAI, l’une des plus connues dans le domaine, a créé un « chatbot », autrement dit un robot de discussion, absolument époustouflant. Posez-lui une question, et il y répondra de manière tout à fait cohérente. Car oui, et c’est assez rare, cette IA est ouverte au public. De plus, elle n’est pas limitée à l’anglais et maîtrise également le français ainsi que d’autres langues. Impossible toutefois de savoir combien de langues elle comprend au total. Vous pouvez la tester en vous  rendant à l’adresse https://chat.openai.com. Le site est en anglais, et il faudra d’abord vous inscrire. Une fois fait, le site affiche une simple fenêtre de discussion en anglais. Parlez-lui directement en français. Elle répondra toujours dans la langue que vous utilisez. Le mieux c’est qu’elle se présente elle-même. Voici une partie du texte reçu en lui demandant de se décrire et si elle était dangereuse. «Je suis un programme informatique conçu pour aider les gens en répondant à leurs questions. Je suis très bon pour comprendre le langage naturel et pour générer des réponses cohérentes, mais il est important de ne pas se fi er uniquement à moi et de vérifier les informations que je fournis. » L’IA a été entraînée sur une très grande quantité de données datant de 2021. Elle n’est donc pas au courant des informations les plus récentes, peu  importe le domaine. Mais posez-lui des questions et elle vous répondra. Elle est capable d’écrire des textes assez longs et, dans un certain sens, originaux. Elle ne fait que régurgiter des informations assimilées en les recombinant de nouvelles manières, mais le résultat est bluffant.  Demandez-lui de vous écrire un discours de remerciement, et elle vous sortira un texte en huit phrases, assez générique mais très convaincant. Demandez-lui de le faire dans le style d’Emmanuel Macron, et elle saura de qui vous parlez. Le discours sera alors adresse à « Mes chers compatriotes » et quelques passages auront été modifiés. Et ça marche avec toute personnalité historique ou actuelle qui est suffisamment connue. L’IA apprend tout au long du fi l de conversation mais n’enregistre rien. Tant que la fenêtre de discussion reste ouverte, elle continue de personnaliser ses réponses, et peut deviner le contexte d’une question en référence à une précédente réponse. Vous pouvez aussi lui demander des informations, que ce soit des questions généralistes ou pointues dans des domaines très spécifiques. Demandez-lui une recette de cuisine, par exemple. Si elle utilise les mesures impériales (car traduit de l’anglais), il suffit de lui dire « en métrique », sans plus de précisions, et elle affichera de nouveau la recette après conversion. Vous  pouvez bien sûr lui demander beaucoup d’autres choses, elle sait même sortir du code de programmation qui fonctionne. Elle comprend les références à la pop culture.  Demandez-lui de vous écrire un épisode de Sous le soleil où quelqu’un devient amnésique, et elle s’exécute. Elle est aussi capable d’écrire des dissertations très complètes, ce qui risque d’ouvrir une véritable boîte de Pandore pour les enseignants… Mais attention, l’IA ne comprend pas réellement ces informations, même si elle donne cette  impression. Elle ne sait donc pas quelles informations dans sa base de données sont vraies et lesquelles sont fausses. Elle est donc capable de sortir des affirmations très convaincantes, mais complètement à côté de la plaque. Pour tous les spécialistes dans le domaine, ce genre d’intelligence artificielle, capable d’utiliser aussi facilement le langage naturel, semblait encore loin. Nous voyons un aperçu de ce que pourrait nous réserver le futur grâce à cette IA qui n’en est encore qu’à ses débuts. Et tout le monde peut la tester !